En limitant l’exportation de ces ressources, l’empire du Milieu nourrit la croissance de ses propres technologies et durcit l’affrontement économique avec le reste du monde. À la clé, il y aura de graves conséquences économiques et sociales dans les grandes capitales de l’Occident. Par ailleurs, les pénuries qui se dessinent vont entraver le changement de modèle énergétique que nous sommes en train d’engager et pour finir, avec ces métaux rares, la pérennité des équipements les plus sophistiqués des armées occidentales dépend également en partie du bon vouloir de la Chine.
En voulant nous émanciper des énergies fossiles, en basculant d’un ordre ancien vers un monde nouveau, il n’est pas impossible que nous sombrions en réalité dans une nouvelle dépendance. Les métaux rares sont en train de changer le monde.
Il ne faut pas oublier, souligne l’auteur, que cette transition numérique procède en premier lieu de l’extraction de matières premières dans le sol et il semble que 0nous remplacions notre dépendance au pétrole par une autre accoutumance, celle aux métaux rares.
Est également évoquée, la récupération des déchets des vieux appareils qui génère un commerce illicite et qui figure parmi les principales menaces à l’environnement. Les énergies propres nécessitent le recours à des minerais rares dont l’exploitation est tout sauf propre et l’Occident a fait le choix de délocaliser sa pollution.
Cela dit, en organisant le transfert de la production des métaux rares, l’Occident a confié à de potentiels rivaux un précieux monopole. La Chine par conséquent est devenue le pays le plus influent en ce qui concerne l’approvisionnement mondial en maintes matières premières critiques. D’autres Etats (Afrique, Russie, USA, Brésil), ont acquis des positions monopolistiques sur certains minerais. Cela a entraîné de la part de ces pays des mesures protectionnistes qui sont une affirmation de puissance dans un monde qui se « désoccidentalise ».
Sa réussite permet à la Chine de promouvoir un modèle de gouvernement valorisant la patience du temps long, à l’encontre des options à courte vue qui, en Occident, ont anéanti toute politique industrielle.
Sur le plan militaire, on constate que chaque fois qu’un peuple, une civilisation ou un Etat a maîtrisé un nouveau métal, son utilisation s’est accompagnée de faramineux progrès techniques et militaires, et de conflits toujours plus meurtriers.
Un autre souci est en train de se présenter, c’est le problème de la rareté. D’un côté, les avocats de la transition énergétique nous promettent les sources d’énergie sans fin des marées, des vents et des rayons solaires, mais de l’autre les spécialistes des métaux rares nous alertent sur le fait que nous n’allons pas tarder à manquer d’un nombre considérable de ces matières premières.
Il faut avoir conscience qu’en engageant l’humanité dans la quête de métaux rares, la transition énergétique et numérique va aggraver les dissensions et les discordes dans le monde. Consciente de ce problème, la Chine cherche une position dominante sur le contrôle planétaire de la production de nombreux métaux rares.
L’auteur termine son ouvrage en présentant les possibilités que donnent l’exploitation de la mer et celle de l’espace. Il signale également que pour notre pays, nous disposons de grandes ressources, mais la volonté de lancer un grand projet d’exploitation des mines en France ne semble pas à l’ordre du jour.